le maître sans coeur
Je suis stupéfait en découvrant sur le site du nouvel obs + un article de jeanne Decouvaine, professeur qui critique la campagne contre le harcelement à l'école. Ses arguments ? outre l'antienne habituelle sur le manque de moyens, elle déclare qu'elle est payée pour enseigner sa matière, et non faire l'assistante sociale, point barre. On retrouve ici la définition du "maitre sans coeur" louée par le philosophe Alain, , et critiquée par michel Tournier qui lui préfère le pédagogue platonicien antique, impliqué complètement dans l'éducation de son élève, quitte à l'entourer, il est vrai, d'un parfum de pédérastie, l'abomination de la désolation moderne.
Pourtant mme Decouvaine admet également l'existence de professeurs sadiques qui s'amusent à humilier leurs élèves. Il n'existerait donc pas le versant compatissant de ces salauds ? Des profs qui ne soient pas uniquement obsédés par leur programme et leur salaire ? Elle ignore probablement qu'il y a aussi des profs harcelés par leurs collègues ou leur hiérarchie, les diplomes n'empèchent pas la bétise et la méchanceté, ou tout simplement par leurs élèves; tourne-t-elle la tête en prétextant que ce n'est pas son problème ?
S'il s'agit uniquement d'enseigner une discipline, de faire des têtes bien pleines plutôt que bien faites, le candidat Hollande ferait mieux de promettre d'acheter 6 millions de tablettes numériques plutôt que d'embaucher 60 000 enseignants supplémentaires, ce sont de meilleurs répétiteurs, et bien moins chers.
Enfin, le plus grave, une telle mentalité est en adéquation parfaite avec la société actuelle, égoïste, interessée uniquement par le rendement, et où le harcelement est une méthode de management. Bonne petite soldate du libéralisme...