J'ai vu le dernier film de Cronenberg, "maps to stars", et comme à chaque film, le bonhomme réussit à me secouer. Je ne prétends pas à l'objectivité en manière de critique. je parlerai donc de moi et pour moi, comme d'habitude en fait...
Donc Cronenberg nous sort sa tragédie antique. Tout y est, le fatum, l'inceste, la jalousie, le crime...et le texte de Paul Eluard, qu'il écrivit dans une époque où on pouvait croire aux lendemain qui chantent, "J'écris ton nom, Liberté" fait office de choeur, ou plutôt de refrain ironique. En effet, les personnages ont tellement d'histoires en commun, qu'ils ne peuvent que se rencontrer, tels l'eau et le feu, et finir dans le drame; et malgré tous leurs efforts pour se persuader qu'ils contrôlent les évènements ou pour maquiller les faits, les corps, et les visages brulés, la vérité finit par les tuer, ils n'ont été que le jouet du destin et n'ont eu aucune liberté.
Sauf que tout se passe, ou est ,censé se passer, à Hollywood, la moderne Babylone, à la fois adorée et maudite. Et nos héros ont plus l'aspect de freaks que de nobles guerriers grecs, depuis l'ex-diva hystérique jusqu'au coach thérapeute qui remplace le psychanalyste de woody allen, en passant par les enfants-acteurs têtes à claque. Au lieu de parler de Zeus, rapteur de mortel(le)s, on confie avoir été abusé dans son enfance, comme on attrape la scarlatine. "un récit plein de bruit et de fureur, raconté par un fou, et qui ne signifie rien" Shakespeare gagne le jackpot.
En effet Comme Oedipe se crêve les yeux, ici on tue et on se tue pour expier une faute dont on ignorait l'existence, avant qu'elle anéantisse les acteurs.
Car oedipe est innocent.
Hasard et nécessité, les dieux ne s'intéressent pas aux mortels et n'interviennent jamais. Et de toute façon, vanité des vanités, tout retournera à la poussière (d'étoiles!), à l'oubli, et ce sera comme si je n'avais jamais existé, et le crime disparaitra lui aussi, les justes et les injustes mélés dans la fosse.Alors pourquoi anticiper le grand départ ? Je veux suivre la fin de cette farce.
Auparavant, je maudissais Dieu de m'avoir fait bêgue, ,névrosé...maintenant, carpe-diem, je ne suis pas responsable de ce que je suis, et très peu de ce que je fais. Tout dans la tête, quelques neurones en moins, un accident, et toute la personnalité est chamboulée; même la conscience est une illusion pour nous faire croire que nous sommes acteurs de notre vie, alors que nous sommes des marionnettes aux mains de forces aveugles, gènes, évènements, hasard.
Mais j'aimerai bien rebattre les cartes.