Mai enfin

       J’anticipe la déferlante de commémorations de 68 qui ne va pas tarder de se produire, histoire de montrer que je suis bien en avance sur mon temps. Et bien entendu comme je ne m’interesse qu’à ce qui m’intéresse, je vais encore parler de moi…Hors donc avant mai 68, dans une banlieue ouvrière je faisais chauffer le Teppaz  avec sœur Sourire et les cœurs de l’armée rouge , je lisais cœurs vaillants et pif le chien, récitais le rosaire sur un chapelet, et écoutais les discours de jeunes communistes. La cohabitation fonctionnait pas mal à l’époque...

Le fameux mois est un peu plus confus : les voitures cessaient de rouler, les patates se faisaient rares, le collège était parfois fermé et à la télé un présentateur larmoyant montrait une caméra brisée par des manifestants. .Le Grand Charles paraissait se tasser de plus en plus et vouloir disparaître de l’écran…

A propos de télévision je partageais l’avis de Mao tsé toung qui voulait détruire tous les signes, technologiques et autres, d’un occident corrompu dans une gigantesque révolution culturelle, quitte à sacrifier une  génération,  afin qu’advienne l’homme nouveau…J’en discutais abondamment avec un camarade vietnamien que je supposais expert en chinoiseries…

Seulement le vrai grand chambardement avait lieu ailleurs, au cœur de mon corps, et je ne me souviens pas du visage de ma prof d’anglais d’alors, mais très bien de son corsage vertigineux à hauteur de mon nez. Nous nous découvrions aussi mutuellement dans des jeux sexuels garçonniers, la puberté faisait des ravages, la Révolution était en marche…